RENOIR - (1841-1919), Peintre impressionniste qui peint le moulin de la galette à sannois, remarquable par sa finesse d'éxécution.
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Auguste RENOIR - (25 février 1841 - 3 décembre 1919).
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RENOIR, établi l'hiver dans sa campagne de Cagnes, n'a cessé de venir l’été à Paris. Il a même pu entreprendre une dernière fois, en 1910, un lointain voyages.
Renoir, d’humeur sociable, de caractère bienveillant et d'habitudes simples, prenait la vie par le bon côté, aussi était-il d'un commerce facile et agréable. Lorsqu'il parlait de son art, il le faisait, on peut dire, avec bonhomie. Pour lui, peindre était la mise en exercice d'une faculté naturelle. Les considérations esthétiques d'ordre abstrait lui sont toujours demeurées étrangères. Il peignait par besoin de peindre, pour se satisfaire, pour se délecter, tout le reste était secondaire. Sa vision et une partie de sa force nerveuse conservées lui ont permis de peindre assidûment, jusqu'à la fin. Il a pu ainsi se consoler des infirmités amenées par la vieillesse et de la façon de vivre sédentaire qui en avait été la suite.
Renoir, établi l'hiver dans sa campagne de Cagnes, n'a cessé de venir l’été à Paris. Il a même pu entreprendre une dernière fois, en 1910, un lointain voyage. Il est allé à Munich visiter des amis et a peint, à cette occasion, le portrait de la maîtresse de la maison, Mme Thurneyssen, et de son fils. Il a continué à peindre avec assiduité à Cagnes, à Nice et à Paris. Il a peint, à Nice, en 1912, un grand portrait de Mme de Galéa. Elle est étendue sur un sofa, vêtue d'une robe diaprée, avec une tapisserie éclatante sur la muraille, comme fond. Cette œuvre, par son importance, est à mettre à côté des grands portraits de Mme Charpentier et de ses filles et des demoiselles Bérard.
Il a peint, à Paris, au milieu d’œuvres variées, le portrait de Mme Paul Cassirer, qui est, à Berlin, une actrice renommée. Son mari, le grand marchand et promoteur en Allemagne des œuvres des Impressionnistes français, l'avait amenée à Paris pour avoir son portrait par Renoir. C'était une heureuse inspiration, car Renoir a fait d'elle un portrait, qui est une véritable œuvre de maître. Tout en conservant au modèle son type caractéristique de femme allemande, il a su l’envelopper d'un charme caressant, d une grâce voluptueuse, qu'aucun peintre allemand n'aurait pu lui donner. Ce portrait s'achevait, en 1914, lorsque survint la déclaration de guerre, et M. et Mme Gassirer, le laissant derrière eux, à Paris, durent repartir en hâte pour Berlin.
Depuis que tout jeune il a commencé à peindre, Renoir n'a cessé de développer, d'accentuer sa manière. A la légèreté de ses œuvres de début se sont progressivement substitués un faire plus robuste, une coloration plus vive, des tons plus poussés. Ce qui permet maintenant aux critiques et aux collectionneurs de se partager, les uns vantant surtout ses premières œuvres, les autres préférant les dernières. Tandis que ceux qui admirent vraiment l'artiste apprécient également les diverses parties de son œuvre, y retrouvant le même fond, sous les différences d’exécution.
Les rhumatismes dont Renoir a été à la fin affligé, qui lui avaient rendu la marche difficile et qui, s'attaquant aux mains, les lui avaient contournées — ce qui l'obligeait à tenir son pinceau d'une manière particulière — ont pu grandir et se développer, sans toutefois diminuer son ardeur au travail et sans atteindre la valeur de son exécution. Vollard était allé en 1917 en Espagne, à l'occasion de l'exposition de peinture française, qui se tenait cette année-là à Barcelone. Il en avait rapporté un somptueux costume de torero, d'une étoffe toute pailletée et lamée d'argent. Renoir séduit par cette parure en revêtit Vollard et, le peignant ainsi, a fait du paisible Parisien un semblant de torero. Mais ce qu'il y a de remarquable dans ce portrait, exécuté par un homme de 76 ans, ce n'est pas seulement qu'on y reconnaît une facture pleine de vigueur mais que la fraîcheur, l'acuité du coloris montrent que l'artiste a conservé toute sa netteté de vision. Les yeux qui s'affaiblissent si souvent chez les vieillards sont chez lui restés intacts.
Les expositions des Impressionnistes, où Renoir avait montré ses œuvres et les divers Salons où il les avait d abord exposées, l’avaient dès longtemps fait connaître à ce public particulier qui s'intéresse aux formes d'art nouvelles et à ces quelques hommes à l'esprit ouvert, qui savent apprécier l'originalité et l'invention partout où elles apparaissent. Sa réputation établie dans le cercle restreint avait ainsi couvé, si l'on peut dire, pendant de longues années, mais le moment allait enfin venir où elle prendrait possession du grand public. Ce changement avait son point de départ en 1904. Le Salon d automne faisait cette année-là une exposition rétrospective de ses œuvres, empruntées aux diverses époques de sa production. Cet ensemble frappa tout le monde par sa variété, son charme et sa maîtrise. La presse fut comme unanime à le louer. La réputation de Renoir s'étend dès lors sans arrêt. Les musées et les collectionneurs se disputent ses œuvres. La guerre arrive, en 1914, et alors qu'elle met un arrêt à la vie artistique, que les musées se ferment, que les Salons sont supprimés, que les expositions particulières deviennent rares, par une singulière péripétie, c'est à ce moment que la réputation de Renoir va prendre toute son extension. La guerre, qui a mis les nations aux prises les amène, en dehors de l’action militaire, à vouloir user de tous les moyens de propagande et de toutes les ressources de leur génie, pour exercer leur influence au dehors. Dans le domaine des arts, et particulièrement dans celui de la peinture, la France a prétendu depuis longtemps, et prétend plus que jamais, à l'excellence et à la suprématie. La guerre venue, les amis que la France compte à l'étranger pensèrent que ce qui pourrait donner le plus de satisfaction aux Français, ce qui serait pris par eux comme la meilleure marque d’intérêt, serait de leur offrir l'occasion d'affirmer au dehors leur supériorité artistique. Dans ces conditions, des Comités se formèrent en pays neutres, pour organiser des expositions d'œuvres des peintres modernes français.
Le gouvernement français vit avec joie la création de ces Comités et il seconda leurs efforts. Il leur assura des allocations pour parer aux frais à faire, il leur facilita le transport des objets à exposer, leur envoi et leur retour, dans les meilleures conditions possibles. Des expositions, qu'on peut dire solennelles, telles qu'elles étaient organisées et décisives par le nombre et le choix des œuvres montrées, eurent lieu ainsi dans les pays neutres, en Hollande, à La Haye, en novembre 1916, en Espagne, à Barcelone, en mars 1917, en Suisse, à Zurich, en octobre 1917.
Or ce que les Comités, qui s'étaient fait les initiateurs des expositions dans les trois pays, demandèrent à recevoir avant tout, pour le montrer à leurs nationaux, ce furent les œuvres des peintres impressionnistes. Et dans les trois pays, parmi les œuvres des peintres impressionnistes, les œuvres qui séduisirent le plus furent celles de Renoir. Le charme du coloris, la grâce et la volupté qu'on y trouvait frappaient à l'étranger, comme des qualités éminemment françaises, portées là à tout leur développement. Après ces expositions, on peut dire que Renoir est définitivement entré dans la gloire. Il est mort à Gagnes le 3 décembre 1919. Depuis longtemps les rhumatismes, qui lui rendaient la marche pénible, et le contraignaient à l'immobilité, s étaient aussi attaqués à la poitrine, devenue de plus en plus délicate. Il prit froid et fut atteint d'une congestion pulmonaire, compliquée d'un arrêt du cœur, à laquelle il succomba.
Théodore DURET
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Histoire des Peintres Impressionnistes (Editions FLOURY 1922 - Théodore DURET)
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