Correspondances, les lettres de Ludovic PIETTE à son ami Camille PISSARRO, 1863-1877 : quatorze ans pour une correspondance familière entre deux amis,
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Correspondances de Ludovic Piette adressée à Camille Pissarro de [fin 1864],
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Musée Pissarro de Pontoise Musée TAVET-DELACOUR
Correspondances de Ludovic Piette adressée à Camille Pissarro de [fin 1864], il s'agit alors du Salon de 1865, où Pissarro et Piette seront tous deux reçus, Pissarro avec deux paysages.
fin 1864
Mon cher Pissarro,
J'ai reçu vos deux aimables lettres avec grandissime plaisir. Si j'avais connu plus tôt vos intentions, je vous aurais demandé d'être l'ami avec lequel vous étiez d'accord pour avoir un atelier à moitié ou je me serais proposé en deuxième ce qui aurait été facile vu le peu de temps que je compte être à Paris, et du reste cette combinaison nous eût facilité la location d'un plus bel atelier [Cet ami est sans doute Antoine Guillemet qui habitait alors 20, Grande-rue, Batignolles ; c'est en tout cas le nom et l'adresse du correspondant parisien de Pissarro, toujours à La Varenne, donnés pour la première fois sur le livret du Salon de 1865 et pour la dernière sur celui de 1866 (Bords de la Marne en hiver, P.V.47). On a déjà vu Pissarro et Piette partager un atelier. Il existe une toile de Pissarro - une scène d'intérieur prise dans une pièce servant d'atelier - montrant Piette peignant devant son chevalet, datée de 1861 (P.V.25) ; à ce propos, rappelons qu'en 1861 Piette était déjà propriétaire de l'immeuble situé 31, rue Véron. Quant à ce dernier, il a représenté Pissarro deux fois : dans un portrait classique puis dans un style plus enlevé et moins conventionnel, peignant en plein air. Ces deux œuvres figuraient à l'exposition Piette, galerie Dru, mars 1929.], Mais la chose était faite et je ne vous ai pas écrit à ce sujet. Pourtant je vais être forcé de me procurer un local pour le séjour d'un mois environ.
Je compte être à Paris pour revoir avec conseils ce que j'ai fait ici sur nature ou à l'atelier avant de risquer la grande aventure [Si cette lettre est de fin 1864, comme nous le supposons, il s'agit alors du Salon de 1865, où Pissarro et Piette seront tous deux reçus, Pissarro avec deux paysages : Chennevières au bord de la Marne (P.V.46) et Le bord de l'eau : Piette avec également un Paysage et une nature morte Fleur des champs. En 1865, le dépôt des ouvrages devait se faire du 10 au 20 mars, le dépouillement le 21 mars, l'ouverture du Salon aura lieu le 1er mai.
Il s'agit évidemment du paysage. Dans ce même paragraphe, on voit Piette s'appuyer sur « l'impression totale », mais dans le «fini». On sait que le principal reproche qui sera fait aux impressionnistes sera le non-fini, l'ébauche, le tableau laissé à l'état d'esquisse.] : et je ne sais comment je trouverai à me caser. Comme il ne peut s'agir pour moi que de modifications puisque bien ou mal, mes tableaux sont faits, je n'ai guère besoin que de voir et de faire voir et faire des changements peut-être qui ne devront pas me demander beaucoup de temps, je viens vous demander si vous voulez votre ami, et vous, m'admettre en tiers du 15 février au 15 mars, à la condition d'entrer pour un tiers dans votre location pour un trimestre ; cela me rendrait service (ou pour la moitié si vous êtes seul locataire). Sans cela, j'aurais du mal à trouver où me placer ne voulant payer qu'un trimestre de location. Vous me ferez l'amitié de me le dire, n'est-ce-pas ? mais en toute franchise, car vous pensez que s'il y a obstacle, soit que vous craigniez d'être trop à l'étroit, ou trop distrait, cela ne me contrariera aucunement, ce me sera un plaisir de moins, voilà tout. J'ai vu avec plaisir que vous aviez des projets sérieux et je vous en félicite, courage, oh Pissarro. Vous me dites que c'est un genre maudit, qui ne se vend pas : pour mon compte, que m'importe, aucun genre ne se vend pour moi, puisque de tous les genres que j'ai simultanément cultivés, aucun ne s'est encore vendu et ils sont nombreux, les genres : fleurs, marines, figures, petits sujets dits gracieux, sujets sombres, dits tous antiques, clairs de lune, tableaux religieux, et je suis sûr d'en passer. Si je ne vends pas plus de paysages, rien ne sera changé pour moi que les tableaux, mais vous, j'ai lu avec plaisir que vous aviez des débouchés, et quand on peut se faire un nom dans le paysage, on vend tout aussi bien que dans d'autres genres. Je connais des paysagistes qui, ayant un talent secondaire, encore quoique médaillés, vendent très bien, parce que leurs paysages sont poussés avec acharnement et qu'ils ne se contentent pas d'un à peu près, sans pour cela qu'ils cherchent la petite bête, loin de là, mais ils poursuivent jusqu'au bout le fini dans l'impression totale, dans l'ensemble, l'unité de l'effet.
J'ai vu aussi avec une satisfaction complète que vous vous décidiez à venir dans ma cabane, venez donc, Pissarro et nous en découdrons, vous verrez bien ; chez moi, tout est étude, tous les genres en sont, point de repos, point de fête, je n'en connais pas, tant qu'il fait jour.
Adieu, cher Pissarro, mes voeux de nouvelle année et succès au Salon prochain principalement.
Ma femme vous salue.
Piette.
Prière à Madame Pissarro de vouloir bien accepter mes salutations.
Quand vous me ferez l'amitié de m'écrire, dites-moi donc la date des jours où l'on doit porter les tableaux, le premier et le dernier, puis si on le sait, quelle sera l'ouverture du Salon ou pour parler plus français, à quelle date ouvrira le Salon prochain.
Piette.
J'ai perdu l'adresse de votre atelier.
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Extrait du Livre " Mon cher Pissarro - Lettres de Ludovic Piette à Camille Pissarro"
" Editions du Valhermeil "
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source de cette lettre: inlibroveritas.net pages 25 - 26 - 27
Lettre de Piette à Pissarro du ---> [fin 1864]
Correspondances de Ludovic PIETTE à son grand ami Camille PISSARRO.
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