[Fin décembre 1868], Correspondance de Piette adressée à Pissarro,

Ludovic PIETTE Biographie Tableaux et œuvres - 2 Les signatures

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Musée Pissarro de Pontoise Musée TAVET-DELACOUR

Correspondance de Piette adressée à Pissarro de [Fin décembre 1868], ni médailles ni acquisitions pour Piette et Pissarro à l'Exposition maritime internationale du Havre de 1868.

[Fin décembre 1868]

Mon cher Pissarro,

C'est bien aimable à vous de songer à moi et votre lettre m'a causé un véritable plaisir. Vous avez l'air satisfait de vos tableaux de cette année, c'est bon signe et sans doute que vous finirez bien par avoir du succès. Je le souhaite pour mon compte de grand coeur. Pour l'exposition au Havre, je n'ai pas eu plus de chance que vous-même, pas la plus petite médaille de bronze, voire même d'ardoise, il y a à se pendre de désespoir. Manet et Monet ont eu du succès. Courbet aussi. C'est bon signe. De Boudin, mention aucune ; c'est un peintre peut-être trop délicat, le voisinage l'a tué [Effectivement, ni médailles ni acquisitions pour Piette et Pissarro à l'Exposition maritime internationale du Havre de 1868. L'ouverture de la section peinture avait eu lieu le 2 juillet et la fermeture définitive (après l'officielle) le 15 novembre. Manet y recevait une médaille d'argent pour son Torero mort (ou L'homme mort, de 1864), tout comme Monet qui, parmi cinq œuvres, voit aussi primées d'une médaille d'argent Le port de Honfleur et Camille ou La femme à la robe verte (1866). Cette dernière huile fut acquise par la ville du Havre ainsi que celle de Boudin, La plage de Trouville. Courbet y avait envoyé pas moins de sept œuvres dont La belle irlandaise et L'aumône du mendiant.]. Pour le Salon de cette année, je n'ai rien fait. J'en suis réduit, si je veux envoyer, à mes vieilles croûtes, mais j'ai quelques aquarelles nouvelles à choisir dans le tas ; je n'ai pas eu le courage de faire de tableaux : je me désoriente tout à fait [Piette exposera au Salon de 1869 une peinture : Dans les bois (serait-ce cette halte près d'un feu ?) et deux aquarelles : Matinée d'octobre et Vue du Mans. Pissarro sera reçu également avec une peinture : L'Ermitage (Pontoise), quartier où il habite épisodiquement depuis 1866. Carpentier-Deforges est devenu son correspondant parisien.] ; hier j'ai suivi à la poursuite des canards et des sarcelles une rivière inconnue et j'y ai trouvé des sites d'hiver superbes. Si j'avais le courage, un de ces jours avec quelqu'un qui me ferait un bon feu, j'irais essayer, mais ce n'est qu'un projet ; j'en ai fait bien d'autres. Quand j'irai à Paris - mais quand ? - je vous montrerai un carton d'aquarelles entre autres, de vieilles villes à physionomie disparue : cela ne manque point, je pense, d'intérêt au moins au point de vue du pittoresque.
Mille fois merci de vos offres obligeantes, j'en profiterai à l'occase ; à charge de revanche si je puis ici vous être agréable ... Envoyez donc cette année à Bordeaux [Les expositions annuelles de la Société des Amis des arts de Bordeaux étaient très courues des artistes. Piette y avait exposé en 1868 une Nature morte dont le prix était de deux cent quarante francs mais curieusement, malgré ses fermes intentions en cette fin d'année, il n'enverra rien et Pissarro non plus à la future exposition de 1869. Pissarro connaissait déjà cette manifestation artistique (son père, laissant une partie de sa famille derrière lui, avait quitté la ville en 1824 pour partir vers les Antilles danoises) : en 1866, par l'intermédiaire de Cadart et Luquet, ses marchands, il y avait envoyé une peinture, Entrée de village (p.V.32 ?).] ; si vous n'avez point de lettre, envoyez la première fois à nos frais quelque chose d'une dimension qui n'en occasionne pas beaucoup ; une autre année on vous invitera, on y vend beaucoup. Ils en achètent pour six mille francs par an. Moi j'ai encore raté ma vente, j'ai demandé trop cher, paraît-il. Je crois qu'il ne faudrait jamais demander plus de cent francs, à ce prix c'est une affaire à peu près faite.
Exposition de Bordeaux, délai d'admission, premiers jours de février.
Au revoir, mon cher Pissarro, et bonne chance.
Ma femme vous salue et vous prie ainsi que moi d'embrasser pour nous votre dame (accolade qui pour mon compte peut être permise à l'approche du jour de l'an) et d'en faire autant sur les joues de vos enfants gentils.
Tout à vous,

Piette.

Exposition de Bordeaux : les ouvrages doivent être arrivés à Bordeaux du 1er au 10 février 1869 au siège de la Société, terrasse d'un jardin public. Notice comme à Paris, sans indication de prix, on vous écrit s'il y a lieu : envoi par petite vitesse est suffisant.
Les artistes ayant des lettres envoient chez Toussaint, rue du Dragon, 12 ; sans être emballés (pas les artistes, les tableaux). Peut-être pourriez-vous traiter avec lui et éviter l'emballage en lui payant le port. Le nombre des ouvrages ad libitum ; il y a un jury. La rue du Dragon est au carrefour de la Croix-Rouge, près Saint-Sulpice, au bout de la rue des Saints-Pères qui prend aux quais ou au bout de la rue Bonaparte, ad libit.

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Extrait du Livre " Mon cher Pissarro - Lettres de Ludovic Piette à Camille Pissarro"

" Editions du Valhermeil "

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source de cette lettre: inlibroveritas.net pages 29 - 30 - 31

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Correspondance de Ludovic PIETTE à son grand ami Camille PISSARRO.

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