Louis HAYET rencontre Georges Seurat.

Louis HAYET Tableaux & œuvres Biographie Les Signatures Louis HAYET

Catalogue exposition Louis HAYET Dessins & Aquarelles de Louis HAYET

Les livres sur Louis HAYET & catalogue raisonné sur Louis HAYET

Exposition des tableaux de Louis Hayet au musée Pissarro de Pontoise

Louis Hayet rencontre Georges Seurat aux Indépendants de 1887

Tombe de Louis HAYET Photos de Louis HAYET

Musée Pissarro de Pontoise Musée TAVET-DELACOUR

Louis HAYET - (1864-1940) - (Pontoise 1864 – Cormeilles-en-Parisis 1940)

Aux Indépendants de 1887, Louis HAYET rencontre Georges Seurat.

« MODE PLURALISTE ET MODE SINGULIER » Deux façons de désaturer une teinte
Aux Indépendants de 1887, Louis Hayet rencontre Georges Seurat :
« Là, je revis Seurat et j'osai discuter et critiquer sa théorie, opposant à son système unitaire une conception pluraliste. Nous ne consentîmes pas à sortir de nos concepts réciproques et (...).
Exemple d'unité et de pluralité : Si j'ai à représenter un écarlate pur, je ne pourrai le rendre dans les deux modes que par de l'écarlate ; mais si, au lieu d'écarlate pur, c'est un certain écarlate brique, écarlate rabattu ? alors, celui-là, Seurat le représente par de l'écarlate qu'il éteint à l'aide de la complémentaire. Dans le mode pluraliste, il pourra être obtenu par le mélange optique de divers orangés, de divers carmins, de divers violets : ces tons-là doivent être exactement recherchés. Il est facile de comprendre que le mode pluraliste donnera des tons plus souples et plus harmonieux car il offre un plus grand choix de formes d'expression. Pour réaliser cette direction apparaît immédiatement la nécessité d'avoir un cercle chromatique. C'est ce que de suite, je me mis à construire ».
Louis Hayet propose là une technique de désaturation conforme à la théorie. Mais, Georges Seurat contrairement à ce que laisse entendre Louis Hayet le rejoignait presque dans la pratique sur ce point précis. Nous citerons à ce sujet le Professeur Robert L. Herbert :
« Au cours de la période teminale de son oeuvre, sa palette, alors la plus simple, avait neuf teintes et chacune d'elles pouvait être mélangée avec ses voisines pour produire dix-huit pigments-mélanges, dont chacun, à son tour, pouvait être mélangé de blanc en toute proportion. Ce qui est vrai c'est que lorsque Seurat voulait un vert, il utilisait d'abord plusieurs verts pour obtenir une vibration dans la teinte locale même, il ajoutait alors aussi des jaunes et des bleus pour accentuer les tons de base. Les jaunes et les bleus ne forment pas du vert, comme on le croit faussement, parce que l'oeil les voit séparément, mais ils font que notre cerveau pense du jaune-vert ou du bleu-vert : l'ultime vibration que l'artiste recherche. »
La distinction entre les conceptions de Seurat et celles de Louis Hayet est, on le comprend, beaucoup plus subtile que ce que la lecture des souvenirs de l'artiste pourrait nous le laisser croire.
Les modes pluraliste et singulier que Louis Hayet oppose, sont en fait deux procédés utilisés conjointement pour permettre une plus grande fluidité des teintes et de la lumière à la surface de l'oeuvre. Dans le mode singulier l'artiste qui désire obtenir l'équivalent d'un ton rabattu sans avoir recours à celui-ci sous la forme d'un mélange physique, doit juxtaposer aux touches de la teinte saturée des touches en plus ou moins grande proportion de sa couleur complémentaire (ou bien encore des deux composantes de sa complémentaire). Dans le mode pluriel, l'artiste (en l'occurence Seurat aussi bien que Louis Hayet) utilisera des teintes adjacentes et opposées de la teinte à désaturer, teintes qui pour être efficaces devront s'éloigner suffisamment de la première tout en restant sur la même moitié du cercle chromatique. La différence entre les conceptions de Louis Hayet et de Georges Seurat réside dans l'importance de l'écart angulaire entre ces deux teintes adjacentes qui enserrent la teinte à nuancer. Une modulation de la teinte d'origine qui se trouve ainsi désaturée par son environnement, se produit alors. Nous sommes ici au coeur même de la théorie divisionniste. Il va de soi que les deux modes ont été simultanément utilisés par ces deux artistes qui de la sorte ne rencontraient aucune difficulté avec le problème des passages. Cette technique de désaturation est le contrepoids apporté à la dureté qui résulte de l'utilisation systématique des couleurs spectrales.
Le désaccord avec Seurat que nous rapporte l'artiste dans ses souvenirs a certainement pour origine le fait que dès 1887, et les lignes citées le laissent entendre, Louis Hayet désirait développer son raisonnement jusqu'à l'introduction de teintes rabattues, « ces tons-là doivent être exactement recherchés... ». Louis Hayet les a si bien recherchés et analysés qu'il a voulu représenter leur position sur des cercles chromatiques. Nos huit cercles intégrant les gris à la théorie Divisionniste trouvent ici leur origine d'une manière évidente.
La maîtrise de ses moyens de désaturation, permet à l'artiste qui les domine de pallier aux difficultés liées à l'interdiction des tons rabattus, interdiction inhérente au divisionnisme. Il semble bien que Louis Hayet fut, en dehors de Seurat, l'un des très rares membres du groupe, si ce n'est le seul, à avoir dominé ce problème derrière lequel se cachent tous les autres et principalement ceux des passages et des temps gris.
Une constatation s'impose ici. Les oeuvres de Signac et Cross réalisées à partir de 1892-93, qui annoncent le fauvisme, s'opposent radicalement sur cet aspect du néo-impressionnisme à celles de Seurat ou de Louis Hayet parce qu'elles renoncent à toutes modulations, à toutes désaturations des teintes dominantes.
Nous remarquerons ici le dernier des paradoxes qui entourent cette oeuvre. Louis Hayet a qui l'on reprocha de prendre trop de liberté par rapport aux principes de Seurat, se révèle bien plus proche du maître que bien des autres membres du Mouvement. Ceci n'est pas surprenant si l'on accepte l'idée qu'il fut incontestablement le seul à pousser dans leurs derniers retranchements les conséquences théoriques du Divisionnisme.
Bien des remarques resteraient encore à faire, et en particulier sur cette touche si libre qui organise les circulations visuelles et polarise littéralement les fragments de surfaces peintes. Cette touche qui dans certains petits formats, et particulièrement un petit paysage nocturne et une nature morte aux oranges (oeuvres reproduites dans ce livre), évoque irrésistiblement un de ses grands contemporains, Vincent Van Gogh, lui aussi marqué profondément par la découverte de l'oeuvre de Seurat.

Extrait du livre "Louis HAYET" paru en 1991 par Guy DULON et Christophe DUVIVIER

Page 185 et 186

Texte de Monsieur Christophe DUVIVIER

Directeur des musées de Pontoise

Avec son aimable autorisation

Remarques: Le peintre (Louis HAYET) est à découvrir à PONTOISE au Musée de Pontoise, exposition permanente et régulière. Proche de la ville d'Auvers-sur-Oise. A visiter absolument, cela vaut le détour, à 3,5Km du centre ville d'Auvers-sur-Oise. Voir le "Musée Pissarro" et le "Musée Tavet-Delacour". Le musée pissarro est gratuit, les 2 musées sont ouvert au public, en semaine comme le Week-End, fermés le lundi et mardi.

(Louis HAYET - Les Meules - Aquarelle - collection privée - H14,6cmxL.23cm)

© Collection Privée

Extrait de: " Louis HAYET " 1991 - par Guy DULON & Christophe DUVIVIER

Musée Tavet-Delacour - Musée de Pontoise - texte de: Mr Christophe DUVIVIER.

Louis Hayet - (1864-1940) - HAYET - Peintre

(téléchargement d'une vidéo sur AUVERS SUR OISE)

http://www.guide-touristique.info/tfr/video/auvers.mpg