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Les lettres de Vincent Van Gogh à Emile Bernard dans le Mercure de France.

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Lettres de Vincent Van Gogh Lettres de Van Gogh descriptions

Lettres publiées dans le "Mercure de France" 1893 - 1894 - 1895

Lettres de Vincent Van Gogh à Emile Bernard, celles-ci sont probablement la première publication de ces lettres au public, dans la célèbre revue "Mercure de France" de 1893-1894-1895.

 

EXTRAITS  DES  LETTRES
DE  VINCENT  VAN  GOGH  A  EMILE  BERNARD
(1887-1888-1889-1890)


1887

 

LETTRE I


54, Rue Lepic.

Mon cher copain Bernard,

Je sens le besoin de te demander pardon de t'avoir lâché si brusquement l'autre jour. Ce que par la présente je fais donc sans tarder. Je te recommande de lire les Légendes Russes de Tolstoï, et je t'aurai aussi l'article sur Eugène Delacroix, dont je t'ai parlé.
Je suis, moi, tout de même allé chez Guillaumin, mais dans la soirée, et j'ai pensé que peut-être toi ne sais pas son adresse qui est : 13, Quai d'Anjo. Je crois que comme homme Guillaumin a les idées mieux en place que les autres et que si tous étaient comme lui, on produirait davantage de bonnes choses et aurait moins de temps et d'envie de se manger le nez.
Je persiste à croire que, non pas parce que moi je t'ai engueulé, mais parce que cela deviendra ta propre conviction, je persiste à croire que tu t'apercevras que dans les ateliers non seulement on n'apprend pas grand chose quant à la peinture, mais encore pas grand chose de bien en tant que savoir vivre ; et qu'on se trouve obligé d'apprendre à vivre comme à peindre sans avoir recours aux vieux trucs et trompe-l'œil d'intrigants.
Je ne pense pas que ton portrait de toi-même sera ton dernier ni ton meilleur, quoique, en somme, ce soit terriblement toi.
Dites donc, en somme, ce que je cherchais l'autre jour à t'expliquer, revient à ceci. Pour éviter les généralités permets- moi de prendre un exemple sur le vif. Si tu es brouillé avec un peintre et qu'en conséquence de cela tu dis : « Si Signac expose là où j'expose, je retire mes toiles », et si tu le dénigres, alors il me semble que tu agis pas aussi bien que tu pourrais agir. Car il est mieux d'y regarder longtemps avant de juger si catégoriquement et de réfléchir, la réflexion nous faisant apercevoir à nous-mêmes, en cas de brouille, pour notre propre compte autant de torts que notre adversaire — et à celui-ci autant de raisons d'être que nous puissions en désirer pour nous.
Si donc tu as déjà réfléchi que Signac et les autres qui font du pointillé font avec cela assez souvent de très belles choses, au lieu de dénigrer celles-là il faut surtout, en cas de brouille, les estimer et en parler avec sympathie.
Sans cela on devient sectaire, étroit soi-même et l'équivalent de ceux qui n'estiment pour rien les autres et se croient les seuls justes.
Ceci s'étend même aux académiciens ; car prends, par exemple, un tableau de Fantin Latour, surtout l'ensemble de son œuvre. Eh bien, voilà quelqu'un qui ne s'est pas insurgé ; et est-ce que cela l'empêche d'avoir ce je ne sais quoi de calme et de juste qui en fait un des caractères les plus indépendants existants.
Je voulais encore te dire un mot pour ce qui regarde le service militaire que tu seras obligé de faire. Il faut absolument que tu t'occupes dès à présent de cela. Directement, pour bien t'informer de ce que l'on peut faire en pareil cas pour pouvoir garder le droit de travailler d'abord, pour pouvoir choisir une garnison, etc., mais indirectement en soignant ta santé. Il ne faut pas y arriver trop anémique ni trop énervé, si tu tiens à sortir de là plus fort.
Je ne considère pas cela comme un très grand malheur pour toi que tu sois obligé de partir soldat, mais comme une épreuve très grave de laquelle — si tu en sors — tu sortiras un très grand artiste.
D'ici là, fais tout ce que tu peux pour te fortifier, car il te faudra joliment du nerf. Si, pendant cette année là, tu travailles beaucoup, je crois que tu peux bien arriver à avoir un certain Stock de toiles, desquelles on cherchera à te vendre, sachant que tu auras besoin d'argent de poche pour te payer des modèles.
Volontiers, je ferai mon possible pour faire que ce qu'on a commencé dans la salle (*) réussisse ; mais je crois que la première condition pour réussir, c'est de laisser là les petites jalousies, il n'y a que l'union qui fasse la force. L'intérêt commun vaut bien qu'on lui sacrifie l'égoïste : chacun pour soi.

Je te serre bien la main.


Vincent Van Gogh


(*) La salle dont il est question ici est celle d'un restaurant populaire de l'avenue de Clichy dont Vincent avait conquis le patron et qu'il avait transformée en exposition de nos tableaux. Par malheur, cette exhibition socialiste de nos toiles incendiaires se termina assez piteusement. Il y eut une altercation violente entre le patron et Vincent, ce qui décida ce dernier à prendre sans retard une charrette à bras et à porter toute l'exposition à son atelier de la rue Lepic. Evidemment l'art du petit boulevard n'avait pas été compris de son bamum.


(Note d'Emile Bernard).

 

LETTRE II

Arles.

Mon cher  Bernard,

Ayant promis de t'écrire, je veux commencer par te dire que le pays me parait aussi beau que le Japon pour la limpidité de l'atmosphère et les effets de couleur gaie. Les eaux font des taches d'un belle émeraude et d'un riche bleu dans les paysages ainsi que nous le voyons dans les crépons. Des couchers de soleil orangé pâle, faisant paraître bleu les terrains. Des soleils jaunes splendides. Cependant je n'ai encore guère vu le pays dans sa splendeur habituelle d'été. Le costume des femmes est joli, et le dimanche surtout on voit sur le boulevard des arrangements de couleur très naïfs et bien trouvés. Et cela aussi sans doute s'égayera encore en été.
Je regrette que la vie ici n'est pas à si bon marché que je l'avais espéré, et je n'ai trouvé moyen jusqu'à présent de m'en tirer à aussi bon compte qu'on pourrait le faire à Pont-Aven. J'ai commencé par payer cinq francs, et maintenant je suis à quatre francs par jour. Il faudrait savoir le patois d'ici et savoir manger de la bouillabaisse et de l'aïoli, alors on trouverait sûrement une pension bourgeoise peu coûteuse. Puis, si on était à plusieurs, on obtiendrait — je suis porté à le croire — des conditions plus avantageuses. Il y aurait peut-être un réel avantage pour bien des artistes amoureux de soleil et de couleur, d'émigrer dans le midi. Si les japonais ne sont pas en progrès dans leur pays, il est indubitable que leur art se continue en France. En tête de cette lettre, je t'envoie un petit croquis d'une étude qui me préoccupe pour en faire quelque chose : des matelots qui remontent avec leurs amoureuses vers la ville qui profile l'étrange silhouette de son pont-levis sur un énorme soleil jaune. J'ai une autre étude du même pont-levis avec un groupe de laveuses.
Serai content d'un mot de toi pour savoir ce que tu fais et où tu iras. Poignée de main bien cordiale à toi-même et aux amis.

Bien à toi.

Vincent Van Gogh

 

 

Extrait de la revue "Mercure de France" 1893

 

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