Les lettres de Van Gogh, lettres de Vincent Van Gogh à Théo et à sa mère, à Emile Bernard, la correspondance de Vincent Van Gogh.

www.van-gogh.fr

 

Généralités Les œuvres de Vincent VAN GOGH

Accueil >VAN-GOGH.FR > Les lettres de Vincent Van Gogh à Emile Bernard.

Les lettres de Vincent Van Gogh à Emile Bernard dans le Mercure de France.

Les lettres de Vincent Van Gogh, tout connaître sur les correspondances de Vincent à Théodore Van Gogh, les lettres de Vincent Van Gogh à sa mère, les lettres à Emile Bernard, les lettres à Anton Van Rappard, Paul Gauguin, ect...,

Lettres de Vincent Van Gogh Lettres de Van Gogh descriptions

Lettres publiées dans le "Mercure de France" 1893 - 1894 - 1895

Lettres de Vincent Van Gogh à Emile Bernard, celles-ci sont probablement la première publication de ces lettres au public, dans la célèbre revue "Mercure de France" de 1893-1894-1895.

 

EXTRAITS  DES  LETTRES
DE  VINCENT  VAN  GOGH  A  EMILE  BERNARD
(1887-1888-1889-1890)


1887

 

LETTRE III


Mon cher copain Bernard,

Merci de ta bonne lettre et des croquis y inclus de ta décoration que je trouve bien drôle. Je regrette parfois de ne pas pouvoir me résoudre à travailler davantage chez moi et de fantaisie. Certainement l'imagination est une capacité qu'il nous faut développer et elle seule peut nous faire arriver à créer une nature plus exaltante et plus consolatrice que ce que le clin d'œil seul sur la réalité — que nous apercevons changeante, passant vite comme l'éclair — nous fait apercevoir.
Un ciel étoilé, par exemple, tiens, c'est une chose que je  voudrais essayer à faire, de même que le jour j'essayerai à peindre une verte prairie étoilée de pissenlits. Comment, pourtant, y arriver, à moins de me résoudre à travailler chez moi et d'imagination. Ceci donc à ma critique et à ta louange.
Actuellement, je suis pris par les arbres fruitiers en fleurs : pêchers roses, poiriers blancs, jaunes. Je ne suis aucun système de touche. Je tape sur la toile à coups irréguliers, que je laisse tels quels.
Des empâtements, des endroits de toile pas couverts par ci, par là des coins laissés totalement inachevés, des reprises, des brutalités ; enfin le résultat est, je suis porté à le croire, assez inquiétant et agaçant pour que ça ne fasse pas le bonheur des gens à idées arrêtées d'avance sur la technique. Voici d'ailleurs un croquis, l'entrée d'un verger de Provence avec ses clôtures jaunes, avec son abri (contre le mistral) de cyprès noirs, avec ses légumes caractéristiques de verts variés : salades jaunes, oignons verts, poireaux émeraudes.
Tout en travaillant toujours directement sur place, je cherche à saisir dans le dessin ce qui est essentiel — puis les espaces, limités par des contours, exprimés ou non, mais sentis, dans tous les cas, je les remplis de tons simplifiés également, dans ce sens que tout ce qui sera terrain participera d'un même ton violacé, que tout le ciel aura une tonalité bleue, que les verdures seront ou bien des verts-bleus ou bien des verts-jaunes, exagérant à dessein les qualités jaunes et bleues dans ce cas.
Enfin, mon cher copain, pas du trompe-l'oeil en tout cas.
Pour ce qui est d'aller visiter Aix, Marseille, Tanger, pas de danger. Si c'est que pourtant j'y aille, ce serait en quête de logement à meilleur compte. Sans cela, je suis persuadé que travaillant toute ma vie je ne pourrais pas à moitié près faire tout ce qui est caractéristique de cette ville seule.
A propos, j'ai vu des combats de taureaux dans les arênes, ou plutôt des simulacres de combats, vu que les taureaux étaient nombreux, mais que, personne ne les combattait. Seulement la foule était magnifique, les grandes foules bariolées, superposées à deux et trois étages de gradins avec l'effet de soleil et d'ombre et l'ombre portée de l'immense cercle.

Vincent Van Gogh

 

LETTRE IV


Mon cher copain Bernard,

Merci beaucoup de ton envoi de sonnets, j'aime beaucoup comme forme et sonorité le premier :

Sous les dômes dormeurs des arbres gigantesques.

Maintenant, comme idée et sentiment, c'est peut-être le dernier que je préfère :

Car l'espoir dans mon sein a versé sa névrose.

Mais il me semble que tu ne dis pas assez clairement ce que tu veux donner à sentir : la certitude qu'on semble avoir, et qu'on peut, en tous cas, prouver du néant, du vide, de la trahison des choses désirables bonnes ou belles ; et que, malgré cette science, on se laisse duper éternellement par le charme qu'exerce sur nos six sens la vie extérieure, les choses en dehors de nous, comme si l'on ne savait rien et surtout pas la différence entre l'objectif et le subjectif. Heureusement pour nous, nous restons bêtes et espérants ainsi.
Maintenant, j'aime aussi :

L'hiver, n'avoir ni sou, ni fleurs et Mépris.

Coin de chapelle et Dessin d'Albert Dürer, je les trouve moins clairs ; par exemple, quel est le dessin d'Albert Dürer, au juste. Mais là dedans des passages excellents, néanmoins :

Venus des plaines bleues
Blémis par la longueur des lieues.

Rend joliment bien les paysages hérissés de rocs bleus entre lesquels serpentent les chemins, des fonds de Cranach et de Van Eych.

Tordu sur sa croix en spirale

rend fort bien la maigreur exagérée des Christs mystiques. Pourquoi pas y ajouter que le regard angoissé du martyr est, comme l'œil d'un cheval de fiacre, navré ; ce serait ainsi plus parisien de Paris où l'on voit des regards comme ça, soit chez les pensionnaires des petites voitures soit chez les poètes, artistes.
En somme, ce n'est pas si bien que ta peinture encore ; n'importe, ça viendra, il faut sûrement continuer tes sonnets n’y a tant de gens, surtout dans les copains, qui s'imaginent que les paroles ne sont rien, au contraire ; n'est-ce pas, c'est aussi intéressant et aussi difficile de bien dire une chose que de peindre une chose? Il y a l'art des lignes et des couleurs, mais l'art des paroles y est et n'y restera pas moins.
Voici un nouveau verger assez simple comme composition : un arbre blanc, un petit arbre vert, un coin de verdure carré, un terrain lilas, un toit orangé, un grand ciel bleu.
J'ai neuf vergers en train : un blanc, un rose presque rouge, un blanc bleu, un rose gris, un vert et rose.
J'en ai éreinté une (toile) hier, d'un cerisier contre ciel bleu, les jeunes pousses des feuilles étaient de l'orangé et de l'or, les touffes de fleurs blanches, cela contre le bleu vert du ciel était rudement glorieux. Malheureusement voilà la pluie aujourd'hui qui m'empêche de revenir à la charge.
Ai vu un bordel ici le dimanche — sans compter les autres jours — une grande salle teinte à la chaux bleuie — comme une école de village. Une bonne cinquantaine de militaires rouges et de bourgeois noirs, aux visages d'un magnifique jaune ou orangé (quels tons dans les visages d'ici), les femmes en bleu céleste, en vermillon, tout ce qu'il y a de plus entier et de plus criard. Le tout éclairé de jaune. Bien moins lugubre que les administrations du même genre à Paris.
Le spleen n'est pas dans l'air d'ici.
Actuellement, je me tiens encore très coi et très tranquille, puisque je dois d'abord guérir un dérangement d'estomac dont je suis l'heureux propriétaire ; mais après, il faudra faire beaucoup de bruit, car j'aspire à partager la gloire de l'immortel Tartarin de Tarascon.
Cela m'a énormément intéressé que tu aies l'intention de passer ton temps (de soldat) en Algérie. C'est parfait et rudement loin d'être un malheur. Vraiment je t'en félicite, nous nous verrons dans tous les cas à Marseille.
Tu verras que cela te fera du plaisir de voir le bleu d'ici et de sentir le soleil.
J'ai pour atelier maintenant une terrasse.
J'ai bien l'intention d'aller faire des marines aussi à Marseille, et je ne languis pas après la mer grise du Nord. Si tu vois Gauguin, dis-lui bien le bonjour pour moi.
Mon cher copain Bernard ne désespère pas et n'aie surtout pas le spleen, mon bon, car avec ton talent et ton séjour en Algérie, tu seras un rudement bon artiste vrai. Tu seras aussi du midi. Si j'ai un conseil à te donner, c'est de te fortifier, de manger des choses saines, un an d'avance, oui. Dès maintenant, parce qu'il vaut mieux ne pas venir ici l'estomac délabré et le sang vicié.
Moi, j'étais dans ce cas et quoi que je guérisse; je guéris lentement et je regrette de n'avoir pas été un peu plus prudent d'avance. Mais par un sacré hiver comme celui-ci, qui est-ce qui y peut rien, puisque c'était un hiver surhumain.
Fais-toi donc du bon sang d'avance ; ici, avec la mauvaise nourriture, c'est difficile de s'en refaire, mais une fois qu'on est sain, il est moins difficile qu'à Paris de le rester.
Ecris-moi bientôt, toujours même adresse : « Restaurant Carrel, Arles ».

Poignée de main.

Vincent Van Gogh

 

Extrait de la revue "Mercure de France" 1893

 

Cliquez ICI page suivante <---> page précédente Cliquez ICI

 

Les lettres de Vincent Van Gogh à Emile Bernard - Corespondance à Emile Bernard

Lettre de Vincent Van Gogh à Emile Bernard - Correspondances à Emile Bernard

Lettres de Van Gogh - lettres de Vincent Van Gogh - Correspondance Van Gogh.

(téléchargement d'une vidéo sur AUVERS SUR OISE)

http://www.guide-touristique.info/tfr/video/auvers.mpg


 

NOUVELLES PAGES MISES EN LIGNE:

DAUBIGNY - CEZANNE - PISSARRO - TOULOUSE-LAUTREC - VAN GOGH

 

 

fils rss de www.van-gogh.fr

© 2007-2011 - www.van-gogh.fr | Contact | Plan du site | Flux RSS | Mentions légales |

 

COPYRIGHT 2007-2011 - Dernière modification : 25 Avril 2009

Les principaux réseaux sociaux du web pour promouvoir ---> WWW.VAN-GOGH.FR ----> Cliquez ici Partager via Additious Merci pour votre participation.

Publier dans MySpace ! Partager sur MySpace ! | twitter réseau sociale | delicious.com | facebook.com | blogger.com | WordPress.com |