L'Histoire des peintres impressionnistes par Théodore Duret, édition de 1906, Pissarro, Monet, Sisley, Renoir, Berthe Morisot, Cézanne, Guillaumin.
Généralités Les œuvres de Vincent VAN GOGH
Histoire des impressionnistes, les peintres impressionnistes.
Les Impressionnistes L'Impressionisme
Histoire des Peintres Impressionnistes - 2-3-4-5-6-7
Pissarro, Monet, Sisley déjà établis hors de Paris avant 1870.
II
Pissarro, pendant la guerre, devait se trouver à Londres, Monet à Amsterdam, Zola à Bordeaux. Manet demeuré à Paris devenait officier dans l’état-major de la garde nationale. Lorsque la paix fut revenue, le café Guerbois, délaissé pendant la guerre, resta définitivement abandonné. Les réunions qui s’y étaient tenues ne furent pas reprises. Pissarro, Monet, Sisley déjà établis hors de Paris avant 1870, s’y fixèrent définitivement, Pissarro à Pontoise, Monet à Argenteuil, Sisley à Voisins et bientôt après Cézanne alla lui-même résider à Auvers. Les peintres amis de Manet ne se trouvaient donc plus placés pour continuer avec lui et entre eux des relations aussi suivies qu’auparavant. Les rapports ne cessèrent point, mais ils furent moins fréquents et eurent lieu dans l’appartement où Manet travaillait. Peu après la guerre, il avait en effet quitté son atelier à l’écart, dans la rue Guyot, aux Batignolles, pour venir occuper, 4, rue de Saint-Pétersbourg, en plein Paris, un entresol, où il put recevoir facilement ceux qui le recherchaient.
Cependant les jeunes peintres peignant en tons clairs et en plein air avaient peu à peu attiré l’attention. Les réunions du café Guerbois n’étaient point restées ignorées, des journaux en avaient parlé. On avait alors plus ou moins su que des artistes se réunissaient autour de Manet et subissaient son influence. Ce groupement avait d’ailleurs paru tout à fait bizarre, formé d’hommes sûrement dévoyés. Le tableau de Fantin, un Atelier aux Batignolles, exposé au Salon de 1870 avait été regardé. Après cela Manet et ses amis furent désignés comme formant l’école des Batignolles. Les jeunes peintres avaient rallié des amis encore rares mais qui cependant achetaient de leurs tableaux et les vantaient autour d’eux. Quelques marchands étaient venus, qui en montraient à leur clientèle.
Les peintres développant une nouvelle formule commençaient donc à être connus dans le monde qui s’occupe des choses d’art, et il pensèrent maintenant à conquérir l’attention du grand public, en exposant systématiquement leurs œuvres, ils eurent alors à résoudre la question de savoir s’ils exposeraient aux Salons ou ailleurs. Ils avaient pu, malgré des refus assez fréquents, pénétrer suffisamment aux Salons avant 1870. Pissarro, l’ainé de tous, avait commencé à exposer des paysages aux Salons, dès 1859. Refusé en 1863, il avait exposé au Salon des refusés de cette année-là. Il avait ensuite été reçu aux Salons de 1865, 1866, 1868, 1869 et 1870. Il n’avait pas encore développé sa manière claire, sa gamme de couleur dans la donnée de Corot et de Courbet, s’était fait accepter. Mlle Berthe Morisot avait de même exposé à de nombreux Salons sans rencontrer d’hostilité. 1868 avait vu les futurs Impressionnistes Pissarro, Monet, Sisley, Renoir exposer ensemble à un même Salon. Renoir envoyait surtout une toile importante, Lise, peinte en plein air et déjà claire pour l’époque, mais qui dépendant encore de la technique de Courbet n’avait pas suscité d’opposition décidée. Pendant ces années de début, les toiles les plus osées étaient venues de Claude Monet, qui s’était mis tout de suite avec le plus de hardiesse, à peindre en plein air, en tons clairs et tranchés.
En définitive s’ils avaient pu, avant 1870, se faire recevoir aux Salons d’une manière fréquente, ils le devaient à ce que la notoriété acquise n’était encore que restreinte, à la circonstance que l’emploi des tons clairs n’apparaissait toujours chez eux qu’atténué, et en outre à ce fait qu’épars dans les salles, leurs pratiques communes n’avaient point pu frapper, mais aussi n’avaient-ils obtenu aucun avantage commun de groupe. Ils avaient donc pu pénétrer aux Salons avant la guerre, mais lorsqu’après ils s’enhardirent à développer tout à fait leur manière, lorsqu’ils vinrent à être connus, que l’attention fut fixée sur eux, qu’ils furent tenus pour des révoltés, que leurs œuvres eurent acquis un tel caractère de nouveauté qu’elles ne purent plus passer sans soulever l’animadversion, il était certain que les Salons se fermeraient pour eux et qu’ils y seraient refusés systématiquement. D’ailleurs, en supposant qu’on les y eut encore admis, ils n’y figureraient jamais que dispersés, loin les uns des autres. Ils continueraient à n’y obtenir qu’une attention distraite, les principes qu’ils représentaient à l’état de groupe ne pourraient arriver à se manifester avec assez d’évidence pour être reconnus. Ils vont donc renoncer à envoyer aux Salons. Ils exposeront ailleurs tous ensemble.
L’année 1871, par suite de la guerre étrangère et de la guerre civile, n’avait pas vu de Salon. Repris en 1872 et en 1873 les Salons ne reçurent d’œuvres des futurs Impressionnistes que de la seule Berthe Morisot. Renoir, qui s’était présenté isolément aux Salons de 1872 et de 1873, avait été refusé. Trois ans s’étaient ainsi écoulés sans qu’ils eussent pu se montrer au public. Pour des gens jeunes, ardents, désireux de se produire, c’était un long temps. Ils se concertèrent donc, afin de tenir en 1874 une exposition particulière. Mais alors Manet eut à décider s’il allait ou non exposer avec eux. Une première divergence s’était produite entre lui et eux, lorsqu’ils étaient allés s’établir à la campagne pour y peindre surtout en plein air, tandis qu’il restait à Paris, pour y peindre dans son atelier et n’aller travailler qu’accessoirement en plein air. Maintenant une nouvelle divergence survenait, qui accentuait la première. Il allait continuer d’exposer aux Salons, les laissant exposer ailleurs. Il avait en effet forcé l’entrée des Salons par une bataille éclatante, qui lui avait obtenu la renommé et il ne voulait pas perdre l’avantage acquis d’y paraître en excitant l’attention universelle, pour aller montrer ses œuvres à l’écart d’une manière bien moins retentissante. Il continuera ainsi à exposer aux Salons, pendant que ses amis, encore relativement à lui des débutants, livreront leur bataille sur un autre terrain.
Pissarro, Claude Monet, Sisley, Renoir, Berthe Morisot, Cézanne et Guillaumin, se produisaient donc tous ensemble à une première exposition en 1874. Cependant ils n’allaient pas se présenter seuls, à l’état de groupe trié, au public. Ils s’étaient associés avec d’autres artistes. C’était une tentative hardie que celle de tenir une exposition spéciale, elle entraînait à des frais relativement considérables, qu’ils désiraient faire partager. Pour attirer un nombre suffisant de visiteurs et avoir plus de chances d’obtenir l’attention de la presse, ils sentaient aussi qu’il fallait élargir le cercle et s’unir à des artistes déjà plus ou moins connus, ayant comme points de ressemblance avec eux l’indépendance d’esprit et la liberté de l’esthétique. Ils s’étaient donc combinés, pour former un assemblage qui prit le titre de Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs, avec Degas, Bracquemont, de Nittis, Brandon, des paysagistes, Boudin, Cals, Gustave Collin, Latouche, Lépine, Rouart et quelques autres, en tout trente exposants.
Une grande salle d’exposition manquant au centre de Paris, la Société avait loué, 35, boulevard des Capucines, une suite de pièces occupées par le photographe Nadar. Ce local se trouvait sur un boulevard où passe tout Paris. Les affiches mises à la porte attireraient suffisamment les regards, pour qu’un assez grand nombre de visiteurs se décidât à monter l’escalier et à payer le franc d’entrée, sur lequel les exposants comptaient pour couvrir leurs frais. L’exposition s’ouvrit le 15 avril. Le nombre des visiteurs fut relativement considérable et la notoriété fort accrue qu’acquirent en particulier les peintres de la nouvelle peinture dut les satisfaire. Mais d’ailleurs ce furent une notoriété et un renon désastreux. Le public ne vit en eux que des artistes dévoyés, ignorants, présomptueux, ne peignant que des choses informes.
Cependant ils allaient voir sortir pour eux de cette exposition une conséquence qu’ils n’avaient nullement prévue. Ils allaient en obtenir un nom, chose qui leur avait manqué jusqu’alors. En effet on a vu qu’en parlant d’eux, nous n’avons trop su comment nous y prendre, disant les amis de Manet, ou les peintres de la nouvelle peinture, ou les futurs Impressionnistes. De même, jusqu’en 1874, ceux qui pouvaient s’occuper d’eux à un titre quelconque, ne savaient comment les désigner. Un nom leur manquait. Les uns disaient les Peintres de la nouvelle peinture. C’est ce titre de la Nouvelle peinture que Duranty, dans une brochure qui leur était consacrée, prenait personnellement ; d’autres les appelaient les Indépendants ou encore les Intransigeants. Cependant quand une chose existe une appellation survient sûrement pour la désigner.
Théodore DURET - 1906
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HISTOIRE DES PEINTRES IMPRESSIONNISTES (Editions FLOURY - 1906)
Pissarro, Monet, Sisley déjà établis hors de Paris avant 1870
(téléchargement d'une vidéo sur AUVERS SUR OISE)
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