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Georges SEURAT - (1859-1891).

Georges SEURAT, nait dans un milieu bourgeois, pionnier du pointillisme et du divisionnisme qu'on peut qualifier d'impressionnisme scientifique et qui étudie les divisions de la matière à celle de la lumière.

Georges SEURAT - (1859-1891).

Georges SEURAT - page 2-3 Tableaux et œuvres SEURAT Biographie

Tombe de Georges SEURAT au cimetière du Père Lachaise à Paris

Georges SEURAT - (1851-1891) - SEURAT.

Le Cirque, Le Chahut de Georges SEURAT, étant inspirés par des formes en mouvement, on leur a reproché de ne pas communiquer au spectateur l'illusion de l'agitation et du déplacement des lignes.

 

Georges Seurat n'a pas besoin d'introduire des figures et des temples grecs dans ses paysages pour leur donner de la gravité, du style. C'est son œuvre entier qui nous suggère un temple aux mille piliers ou colonnes, avec ses verticales répétées sur des horizontales nettes; avec ses personnages, ses troncs d'arbres, ses mâts, ses phares érigés entre les soubassements des terrains plans et des ombres portées et les frontons des verdures.

Nul mieux que Georges Seurat n'a su, en creusant sa toile, accrocher les uns aux autres ses volumes et nous communiquer l'impression de la solidité par sa science des angles selon lesquels les directions se coupent.

Autant que Cézanne, mais par une géométrie expressive du modernisme le plus aigu, il est le père de nos actuels « Constructeurs ».

On a méconnu Georges Seurat jusquà le croire attardé à l'analyse, à la représentation de l'immédiat, des jeux fortuits de la lumière, lui, le synthétiste, mieux, le logicien implacable qui ne s'est servi de cette lumière que pour conserver aux objets les apparences qui les caractérisent une fois pour toutes.

Dans Le Cirque, plus que dans tout autre tableau, s'affirme ce parti pris irréductible qui considère les phénomènes naturels selon leur valeur expressive et non selon leur existence réelle; qui les nie au besoin. Cette composition se propose d'enfermer dans une ample courbe les lignes ascendantes significative de la gaîté des jeux du cirque. L'unité d'exprssion ainsi préparée s'accroît de la richesse d'une atmosphère dorée, propice au joyeux triomphe du cheval blanc, monté d'une écuyère. L'arabesque hardie et le rouge d'une perruque de clown, surgie du premier plan, agace le blanc avec une outrance très représentative d'un spectacle. Non moins adhérents à l'expression visée sont les attitudes et les visages des spectateurs : schémas aigus jusqu'à l'animalité, fruits d'une observation épurée de toute contradition. Le peintre a décidé les vêtements même à servir l'expression synthétique qu'ils détruisent d'ordinaire par leurs exhorbitantes prétentions personnelles. La petite écuyère, par exemple possède une robe qui amplifie à peine, comme une émanation gaie de son être, un chant ou un rire. Cette petite forme féminine est celle d'une déesse moderne de la Fantaisie et de la Grâce, avec ses formes fuselées, sa tête de fée espiègle et l'ascension de ses gestes qui se dissolvent dans l'air.

De tels logiciens du sentiments ne se retrouvent que parmi les Primitifs. Malheureusement Le Cirque n'est pas terminé, et, cà et là un tracé bleu se voit, qui révèle l'analyse préalable commentant les volumes, triant les objets; mais partout où la toile et couverte, la peinture presse impitoyablement les formes pour en faire jaillir l'idée essentielle, vivante au délà de toutes les pauvres complications de la ressemblance.

Dans notre époque, Le Chahut est aussi un phénomène isolé. Il inscrit la fantaisie d'un quadrille du Moulin-Rouge. Quatre danseuses et danseurs processionnant, débouchant presque de face, au premier plan du tableau. Leurs gestes sec répètent en perspective. Par le parallélisme de leurs jambes lancées, rigides, au-dessus de l'horizontale, par l'affirmation quatre fois répétée des cambrures de leurs torses grêles, par le rythme de gaîté propagé par leurs visages, ils parviennent à l'énergique cohésion d'un symbole hindou. Le prétexte, dans Le Chahut, comme aussi dans La Parade, de la prédominance du ton sur la teinte est la lumière artificielle. Dans des accords graves de poupres, de bleus, soudain un blanc ou un vermillon éclate, note osée d'un dessous ou d'une coifure extravagante.

Le Cirque, Le Chahut, étant inspirés par des formes en mouvement, on leur a reproché de ne pas communiquer au spectateur l'illusion de l'agitation et du déplacement des lignes. C'est que Georges Seurat a une conception synthétique du mouvement. Il en suggère des idées extrêmes par la mise en évidence d'un geste au point d'équilibre de sa course, comme dans l'art statique des Egyptiens ou des Khmers; il ne les représente pas en composant ses phases, selon le mode des Japonais, de Delacroix ou de K.X. Roussel.

Différemment représentatives de l'art concentré de Seurat, sont Les Poseuses. Ce grand tableau n'est pas décoratif au sens attribué d'ordinaire à ce mot. Les trois fugures nues des modèles, peintes dans les plus simples attitudes, n'étant pas liées l'une à l'autre par une arabesque, mais par le bloc de la peinture, présentent une sorte de tryptique de la beauté féminine. Naïvement elles imposent leur élégance avec un souverain dédain de duper le sepctateur par une pauvre contrefaçon des matières réelles et de se prouver vivantes en détaillant leur anatomie. De même que la diorite noire des Egyptiens sait évoquer la vie mieux que la plus exacte apparence de la chair, de même la matière abstraite de ces figures, ramenées à un noyau de lumière d'un volume expressif, nous assène notre animalité et humanité modernes à nous en faire crier.

Certes, on peut dire qu'à travers tous les aspects de vie qu'il représentés, l'être de Seurat apparaît avant tout, mais n'est-ce pas la marque des plus hauts pouvoirs d'un artiste de recréer le monde tout entier selon les ardents besoins de sa nature intime? M. Godet a écrit : « Le style est un produit de la vie. Il n'est pas un objet existant en soi qui se puisse appréhender du dehors. Sa source est intérieure. Elle est dans la personnalité assez forte pour imposer aux œuvres qu'elle tire de la nature son empreinte, son parti pris, son sens de l'Univers, et pour en dégager un ordre de valeur durable et générale en qui la collectivité reconnaîtra --- presque toujours après une longue période d'aveugle et injuste résistance --- l'expression de ses besoins et le langage de ses instincts. »

Si telle est l'heueuse définition dy style suggérée par les chefs-d'œuvres, elle implique l'urgence de reconnaître en Seurat, pétrisseur de moules étroits de notre vie, le générateur d'un style exceptionnellement émouvant, qui suscitera toujours en France et à l'étranger de très profondes admirations.

 

Lucie COUSTURIER - (1870-1925)

 

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Georges SEURAT par Lucie COUSTURIER (Editions G. CRES & Cie - 1920)

Georges SEURAT - (1859-1891) - SEURAT - (1859-1891)

(téléchargement d'une vidéo sur AUVERS SUR OISE)

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