Généralités Les œuvres de Vincent VAN GOGH
Evolution de la technique de peinture de Vincent VAN-GOGH.
Si maintenant nous considérons, dans une sorte de résumé, l’œuvre de Vincent Van Gogh, nous sommes bien contraints d’avouer que jamais un apport à la peinture universelle ne fut plus surprenant. Si le mot ne dépassait pas notre pensée, nous dirions même que la peinture n’a jamais enfanté un pareil « phénomène ».
Voici, au contraire, un peintre, Vincent Van Gogh, qui ne va jamais assez au devant du soleil, qui voudrait le « fixer » sur ses toiles en torches incendiaires.
Et sa réussite se vérifie si pleinement que, confrontées à ses toiles, beaucoup d’œuvres des Impressionnistes sont grises et poussiéreuses. M. Vollard prête à Renoir ces paroles : « C’est qu’il ne suffit pas à un peintre d’être un habile ouvrier ; il faut qu’on voie qu’il aime « peloter » sa toile. Cela a manqué à Van Gogh. Quel peintre ! J’entends dire. Mais sa toile n’est pas caressée, amoureusement, du pinceau… Et puis il y a ce côté un peu exotique… » Eh bien ! Si ces propos ont été réellement tenus par Renoir, quoi de plus naturel. Voila un magnifique peintre, Renoir, qui, durant toute sa longue vie, a peint sans imagination. Je crois bien que, lui a « peloté » sa toile. Avec un indéniable et puissant charme, il a peint presque toujours la même. Que Renoir --- ce dont il se glorifiait vers la fin de sa vie --- ait été vite accepté par tous les amateurs, la chose est entendue ; car, tous, ils purent, avec des mines d’extase, répéter langoureusement : « Renoir, cette grâce ! Il vient de Watteau et de Fragonard ; il continue, lui, la saine tradition française !...» Soit ! Mais Vincent fut, durant sa courte vie, en dehors des traditionnels peintres hollandais, une sorte de Hollandais sauvage, qui rechercha le grain de la toile rude, qui détesta l’huile, la matière lisse, --- toutes choses, au contraire, que, après tant d’autres peintres, Renoir adora. Or, ne peut-on « peloter » son motif, ne le caresser que du pinceau ? Vincent le « pelotait », lui, mentalement, lui qui le raisonnait d’avance dans toute sa variété, ne comptant que sur ce qu’il appelait l’intensité de la pensée plutôt que sur le calme de la touche ; et n’est-il en cela qu’un « habile ouvrier ? »… Par contre, nous tenons pour fondé le reproche d’exotisme, puisque Vincent orienta nettement son œuvre vers les Japonais. En quoi cela diminue-t-il ? Renoir, qui subit d’autres influences, défendait son œuvre ; mais l’œuvre de Vincent comporte une autre grandeur, tout aussi défendable. Renoir, pour reprendre son mot vulgaire, fut assurément un merveilleux « peloteur » de seins, des ventres et de fesses ; mais Vincent fut avant tout --- devant Renoir qui ne l’était pas --- un cérébral ; et, ayant bien tout pensé, tout calculé, à chaque motif nouveau, il se ruait sur sa toile, lui qui avait écrit : « N’est-ce pas plutôt l’intensité de la pensée que le calme de la touche que nous recherchons ; et dans la circonstance donnée de travail primesautier, sur place et sur nature, la touche calme et bien réglée est-elle toujours possible ? Ma foi, il me semble pas plus que l’escrime à l’assaut. » Cézanne, plus injuste que Renoir, avait dit à Van Gogh, raconte-t-on : « Sincèrement, vous faites de la peinture de fou. » Lui, aussi, il « pelotait » ses toiles, d’une troisième manière encore ; et il croyait bien qu’il détenait, de son côté, la bonne manière…
Sans doute, aujourd’hui, les œuvres de Vincent Van Gogh ont baissé elles-mêmes en éclat et en fraîcheur. Mais celles de Delacroix également, et celles encore de tous les Impressionnistes. Seul, sur le haut sommet où notre fervente admiration l’a placé, Cézanne reste inattaquable. Mais il peignait, lui, en se cachant du soleil. Elles perdent, à la longue, de la vie, les prouesses ensoleillées de la peinture.
Il restera toujours à Vincent, redisons-le, l’extraordinaire dessin de ses peintures. Ce Hollandais qui répétait : « Mais elle m’est si chère, la vérité, le chercher à faire vrai aussi », a peint Arles et ses habitants --- et toute la vie --- d’une manière pénétrante, puissamment « caractéristique ».
Certes, je ne veux pas l’opposer à d’autres « princes » de la peinture moderne. Je ne veux pas accabler Monsieur Degas, Claude Monet et tant d’autres lamas que la spéculation des marchands pousse, doucement, vers des abîmes. Cette spéculation s’est emparée également de Vincent Van Gogh. Le peintre, mort de misère (son mal s’aggrava de cette constante famine), n’aurait jamais pu croire aux sommes d’argent que les moindres de ses tableaux atteignent, --- surtout quand ils sont faux. Une seule de ses importantes toiles pourrait maintenant le sauver pour vingt ans, lui qui ne connut pas de besoins. Je veux seulement insister sur ce fait que l’on ne comprit pas le génie de Vincent, parce que ce peintre fut à Arles, à Saint-Rémy et à Auvers, un inexplicable prodige. A présent, on place ses toiles dans le Temple ; et le Japon lui-même accourt à la curée.
Mais Cézanne et Van Gogh sont de plus deux actifs coupables. Leurs toiles qui ne se vendaient pas autrefois et qui, à présent, se « vendent si bien », ont enfanté et enfantent tous les jours dans le clan des peintres une tourbe de crapoussins hantés de richesses, et, dans le clan des amateurs et connaisseurs, une autre tourbe de spéculateurs qui achètent les pires ordures picturales, dans le brûlant espoir qu’elles « monteront » un jour, comme ils disent dans leur sale argot. Et cela constitue bien une réjouissante et amère sottise ! …
VINCENT VAN GOGH par Gustave COQUIOT (Librairie OLLENDORFF - 1923)
(téléchargement d'une vidéo sur AUVERS SUR OISE)
http://www.guide-touristique.info/tfr/video/auvers.mpg
© 2007-2011 - www.van-gogh.fr | Contact | Plan du site | Flux RSS | Mentions légales |
2007-2011 - Dernière modification : 07 Juillet 2009
Les principaux réseaux sociaux du web pour promouvoir ---> WWW.VAN-GOGH.FR ----> Cliquez ici Merci pour votre participation.