CEZANNE (1839-1906) - à Aix, une journée avec Cézanne le peintre par Jules Borély en 1902.

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CEZANNE à Aix.

Paul Cézanne| (1839-1906), Paul Cézanne aura été essentielement un Provencal, il devait garder toute sa vie, dans son parler, un fort accent méridionnal, il a toujours conservé une attache avec sa terre natale et il a fini, après l'avoir quittée, par y retourner vivre.

Cézanne à Aix par Jules Borély, sa vie raconté par Jules Borély.

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Paul Cézanne à Auvers-sur-Oise - page 2-3-4

Cézanne à Aix en 1902 par Jules Borély - page 2

La maison atelier de Cézanne à Aix-en-Provence.

--- A Paris ! non, Zola fut mon camarade d'enfance : nous avons étudié au collège d'Aix. Il eut le bonheur d'avoir en « seconde » un professeur épris de poésie (je me souviens qu'il nous lut les Iambes), et avait déjà une faculté de naration merveilleuse. Un jour qu'il fit son « devoir de français » en vers, notre professeur le lui rendit disant : « Vous serez un écrivain ». C'est banal, n'est-ce pas ? Cet universitaire a cependant propulsé le génie de cet écrivain. Mais je vous parle de Zola..., je ne vous froisse pas ?

--- Non, pourquoi ?

--- A cause de sa frasque. Vous aimez Baudelaire ?

--- Oui.

--- Je n'ai pas connu Baudelaire, mais j'ai connu Monet. Quand aux vieux Pissarro, ce fut un père pour moi. C'était un homme à consulter et quelque chose comme le bon Dieu.

--- Il était juif ?

--- Oui, il était juif. Faites-vous surtout une bonne éducation artistique. Vous aimez Degas ?

--- Certes ! mais c'est encore de la peinture de cabinet si je puis dire.

--- Je vous entends ; aussi bien, désormais qu'un rien nous divise, sur un rien je veux me raccorder.

Nous étions à Aix et dans la fraîche rue où habite Cézanne. Cinq heures, les bas étages dans l'ombre, et, jaune sur le ciel bleu, un pan de maison s'éclairait pour nous comme une haute bâtisse chez Canaletto.

--- Vous aimez cette Aix ?

--- J'y suis né ; j'y mourrai. Je l'ai quitté, au sortir du collège, pour Paris et, vingt et un ans après, je ne la reconnaissais pas ; les visages des jeunes filles que je contemplais avant mon départ avaient trop changé. Aujourd'hui tout change en réalité, mais non pour moi, je vis dans la ville de mon enfance, et c'est dans le regard des gens de mon âge que je revois le passé. J'aime sur toutes choses l'aspect des gens qui ont vieilli sans faire violence aux usages, en se laissant aller aux lois du temps ; je hais l'effort de ces lois. Voyez ce vieux cafetier assis devant sa porte sous ce fusain, quel style ! Voyez d'autre part, sur la place, cette fillette de magasin, certes elle est gentille, et il ne faudrait pas en médire. Mais dans sa coiffure, dans ses vêtements, quel banal mensonger ! Le soleil allongeait sur la sable l'ombre inconstante des platanes.

--- Que bien peindre est difficile ! Comment aller sans ambages vers la nature ? Voyez, de cet arbre à nous il y a un espace, une atmosphère, je vous l'accorde ; mais c'est ensuite ce tronc, palpable, résistant, ce corps... Voir comme celui qui vient de naître !...

« Aujourd'hui notre vue est un peu lasse, abusée du souvenir de mille images. Et ces musées, les tableaux des musées !... Et les expositions !... Nous ne voyons plus la nature ; nous revoyons les tableaux. Voir l'œuvre de Dieu ! C'est à quoi je m'applique. Mais suis-je ce qu'on appelle un réaliste ou un idéaliste, ou encore un peintre, un dessinateur ? Je crains d'être compromis, mon cas est très grave ; néanmoins, n'est-ce pas, je suis un peintre, on le reconnaît ?

J'ai quitté Cézanne après avoir passé encore une demi-heure chez lui dans sa froide maison. Dans sa chambre, sur une étroite table de milieu, j'avisai trois crânes humains confrontés, trois beaux ivoires polis.

Il me parlait d'une très bonne étude peinte qu'il avait quelque part, en son grenier. Je voulus la voir. Il chercha la clef de ce galetas, mais en vain, la bonne l'avait égarée. Mon train part ce soir. Je quitte cet homme merveilleux à voir et à entendre. C'est assez céder au charme de son âme vagabonde, de son âme si simple et si complexe. J'ai respiré l'encens d'un cœur qui se consume. Adieu sage, trop sage esprit qui confondrait le sens vulgaire de la vie, sens en moi trop mal assuré ! volonté qui m'incite au vertige ! amour, toujours flagrant, bonté, malin esprit si clairvoyant, modestie, absolue modestie, cœur d'orgueil blessé...

Le train roule à travers la campagne d'Aix. Bas-fonds fertiles, maisons, prés, fermes, roseaux, ruisseaux, cailloux d'argent, herbe molle et fleurie ; pour tout dire jardin de l'homme ceint de hautes collines où croît le pin d'Alep en cimier ou aigrettes.

... Nous allons vers Marseille. Un ou deux parcs embellis du soleil couchant qui empourpre des lauriers-roses ; une grande ville d'ocre badigeonnée sous un haut bouquet de pins parasols...

Je pense avec tristesse à cet affreux génie qui, pour ce malheur de ce grand peintre, turlupine ses nerfs et agace son pinceau.

Jules Borély 1902

 

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L' ART VIVANT 2e Année - N° 37 du 1 Juillet 1926

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