Biographie de Auguste RENOIR.

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BIOGRAPHIE DE AUGUSTE RENOIR - BIOGRAPHIE DE PIERRE-AUGUSTE RENOIR

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1881
Son mariage en 1881 et les responsabilités qui en découlaient, firent passer Renoir par une crise morale, car autant la société des femmes l'amusait, autant une présence constante lui faisait craindre pour sa précieuse indépendance.
Cette crise fut d'autant plus aigué qu'elle coïncida avec une crise intellectuelle déclenchée par un voyage en Italie où la leçon tirée des oeuvres des maîtres italiens remettait toute conception artistique en question.
Jusque-là, en compagnie de Claude Monet, Renoir avait cherché à rendre les effets de la lumière, essayant à l'aide de touches rapides, de points et de virgules de saisir l'insaisissable, de capturer l'atmosphère vibrante et scintillante. C'était l'époque de la Grenouillère, du Moulin de la Galette, du Père Fournaise.
Mais au retour d'Italie Renoir s'imagina n'avoir pas encore dépassé le stade expérimental; il douta de lui et de la voie qu'il avait empruntée. A quarante ans, découvrant Raphaël qui contrairement à lui « ne cherchait pas l'impossible », il se plaignait à Durand-Ruel d'être comme l'écolier qui voudrait donner une belle page bien propre et bien écrite, mais qui en est encore à faire des taches.

1882
Seul un voyage de convalescence en Algérie au printemps de 1882, après une pneumonie contractée à l'Estaque où il peignait en compagnie de Cézanne, lui redonna la santé intellectuelle perdue.
La lumière africaine, capable de transformer les objets les plus sordides en trésors des mille et une nuits, lui inspira des chefs- d'oeuvre similaires à ceux de 1872.
Mais la guérison n'était que superficielle. La leçon donnée par les maître italiens avait fait une impression trop forte pour pouvoir fondre définitivement au soleil d'Algérie.
Des doutes renaissants firent changer la technique de Renoir. Son dessin se transforma, le sujet se détachant plus brutalement grâce à une dureté de lignes toute nouvelle. La couleur elle-même ayant varié, les oppositions se firent plus violentes. Ce fut d'ailleurs ce qu'il appela sa « période aigre » qui heureusement ne dura pas trois ans.
1882  Pendant ce temps, les impressionnistes continuaient imperturbables dans leur voie, réunissant leurs oeuvres en une septième exposition dite des u Indépendants » tenue en mars 1882, au 251 de la rue Saint-Honoré. Renoir y prit part avec 24 toiles dont le Déjeuner des Canotiers. Ce fut d'ailleurs la dernière fois que le peintre exposa avec ses amis impressionnistes.

La faille imperceptible de 1878 avait été en réalité le début de la désintégration du groupe. Le lien était irrémédiablement brisé et Renoir le sentait bien quand il avouait en 1883 qu'il était arrivé « au bout de l'impressionnisme ». Lui qui avait été un des vaillants défenseurs de la nouvelle école, allait en vieillissant se défendre d'avoir jamais été un révolutionnaire, car sa période d'impressionnisme systématique était définitivement révolue. Par une faiblesse typiquement humaine, il devait briser par la suite ses anciens idoles, déclarant que la peinture faite directement d'après nature amène l'artiste à ne plus voir « que les effets de la lumière », à ne « plus composer », aboutissant ainsi très vite à la « monotonie ».

1884
Cette évolution ne se fit évidemment que très lentement, car même en 1884, au cours d'un voyage à la Rochelle dont un tableau de Corot lui avait donné « une envie folle de voir le port », Renoir regrettait d'être resté si longtemps à peindre dans un studio et de s'être éloigné de la méthode chère à Mollet.
Ce n'est pas que l'artiste soit resté spécialement longtemps au même endroit, il avait beaucoup voyagé toutes ces dernières années, faisant de nombreux séjours à Wargemont chez les Bérard, dans le midi de la France, passant en Italie où, à Palerme. Wagner posait 25 minutes pour lui, peignant à Guernesey, puis après la naissance de son premier fils Pierre en 1885, à la Roche-Guyon où Cézanne s'était installé.

1885
Désireux de reprendre son ancienne méthode qui consistait à peindre directement d'après nature, c'est là qu'il entreprit aux premiers beaux jours, une toile d'une Baigneuse qui laissait déjà présager des fameuses Grandes Baigneuses exposées chez Georges Petit à la deuxième exposition internationale de 1887.

1886
Ne prenant plus part aux manifestations artistiques des impressionnistes il envoya dès la première exposition internationale ses toiles chez Georges Petit, et partout d'ailleurs où la faveur du public pouvait les désirer.
C'est ainsi que dès 1886, les oeuvres de Renoir pouvaient être vues à Paris, à Bruxelles au « Cercle des XX », à Londres chez Dowdeswell and Dowdeswell ainsi qu'à New-York où Durand-Ruel parmi 310 oeuvres impressionnistes en exposait 32 de Renoir.
Cette époque marqua pour l'artiste le début du succès. La gêne n'était plus qu'un mauvais souvenir et la faveur du public allait toujours croissante.

1892
L'exposition de 110 de ses oeuvres prêtées par des collectionneurs en 1892 chez Durand-Ruel, eut d'autant plus de succès qu'elle montrait d'une manière frappante l'évolution de son art depuis la Femme en Bleu peinte avant 1869.

1893
L'avenir souriait à Renoir quand au retour d'un séjour en Espagne avec Gallimard où le spectacle de la famille royale de Goya valait " à ses yeux à lui seul le voyage à Madrid naissait son deuxième fils Jean.  La garde du petit Renoir nécessitant une nouvelle domestique, le peintre engagea une robuste Bourguignonne aux joues rouges et à la forte charpente, Gabrielle, qui devait bientôt devenir un de ses modèles préférés.

1894
Mais la vie ne réservait pas un bonheur de longue durée à l'artiste, car dès 1894 les premières atteintes d'un mal qui devait ne plus le quitter firent leur apparition. L'arthritisme l'obligea à marcher s'aidant d'une canne, mais ne réussit pas à le confiner chez lui. Après une cure vaine à Bourbonne-les-Bains, Renoir malgré cet handicap continua de voyager.

1895
Quittant son pavillon du « Château des Brouillards voisin de celui de Paul. Alexis tout en haut de la butte Montmartre, il visita 1896 l'Angleterre et les Pays-Bas, puis, après la mort de sa mère, en 1898 novembre 1896, s'installa pour les mois d'été à Essoyes où il acheta une maison, ses douleurs l'obligeant à séjourner l'hiver dans le midi.

1899 - 1903
Sa maladie ayant empiré, malgré une autre cure à Acqui en Italie, Renoir acheta « les Collettes » à Cagnes où il installa sa famille qui s'était agrandie avec la naissance de Claude dit Coco en 1901.
Malgré sa quasi-retraite, Renoir qui continuait à travailler n'était pas oublié du public. Les expositions de ses oeuvres ne se comptaient plus Vienne, Stockholm, Dresde, Berlin, Londres, Budapest honoraient le maitre.
En 1900, la France lui décernait la Légion d'honneur et en 1912 le faisait officier de l'ordre. Si Renoir accepta l'hommage de son pays reconnaissant, ce ne fut pas sans hésitation et peut-être même avec une certaine gêne, après les déclarations d'indépendance et de mépris de tout ce qui était officiel dont sa jeunesse avait été le témoin. Il s'en ouvrit d'ailleurs à Monet qui, malgré leurs divergences de l'âge mûr, était resté très proche de lui et à l'amitié duquel Renoir tenait beaucoup. N'essayant pas de se justifier, l'artiste écrivait à Monet pour lui demander de ne pas lui garder rancune de s'être « laissé décorer » affirmant se moquer de l'opinion des autres, mais tenant à la sienne.
Cette décoration malencontreuse à ses yeux n'avait d'ailleurs éloigné personne de lui. Sa vieillesse fut très entourée. Outre sa famille, des amis fidèles tels Durand-Ruel, Maillol, Albert André, venaient lui tenir compagnie soit à Essoyes l'été, soit à Cagnes l'hiver.
Un court répit dans ses souffrances faisait entreprendre à l'artiste un voyage à Munich où il peignit le portrait de Mme Turneyssen chez qui il était descendu à Wesling.

1912
Mais le mal veillait. Après hernie, bronchite, puis maladie d'estomac, une attaque le privait en janvier 1912 de l'usage de ses bras et de ses jambes.
Il avait eu le temps cependant deux ans plus tôt de laisser au monde une sorte de testament moral, sous la forme d'une préface pour l'édition nouvelle de l'Art des Cennino Cennini, dans laquelle il mettait en garde les générations futures contre le reniement au nom du progrès, des richesses laissées par les siècles précédents. Sa conscience d'artiste lui avait appris cette leçon, et il voulait en faire profiter la lignée de jeunes révolutionnaires, prêts à toutes les époques à faire table rase du passé pour construire à leur manière, elle-même très vite périmée.
Renoir pouvait se permettre de laisser ce message au monde des arts car il avait bien mérité sa place parmi les grands maîtres. La peinture avait été sa vie, il y consacra tout son temps, ou cent fois sur le métier remettant son ouvrage, travaillant comme l'artisan du moyen âge dont il avait d'ailleurs eu la formation quand il apprenait le métier chez le décorateur de porcelaine.

1919
Cette discipline qui était devenue pour lui une seconde nature fut plus forte que la maladie. Ne pouvant plus peindre, Renoir se mit à la sculpture et à la céramique, faisant construire un four dans sa propriété de Cagnes. Jusqu'à la fin, jusqu'en décembre 1919, où une attaque l'emportait, Renoir ne s'intéressa qu'à son art. Une de ses dernières joies fut d'aller admirer au Louvre, porté dans sa chaise qu'il ne quittait plus, un des chefs-d'oeuvre de sa carrière le Portrait de Mme Charpentier qui, plus que des théories ou de grands mots, avait ouvert des perspectives nouvelles au monde des arts et donné sa vraie place à l'un des grands artistes de notre terre de France.

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Extrait du catalogue d'exposition "Chefs-d'oeuvres de RENOIR" du 10 au 27 Juin 1954

GALERIE BEAUX-ARTS - PARIS

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